
📵 Coupures d’Internet en Afrique Centrale : Quand le Digital Devient un Champ de Bataille
- lleprince72
- Jul 2
- 3 min read
Qui est concerné ?
Depuis quelques années, plusieurs pays d’Afrique centrale font face à un phénomène inquiétant : les coupures intentionnelles d’Internet orchestrées par les autorités étatiques. Les principaux pays touchés incluent la République démocratique du Congo (RDC), la République centrafricaine, et plus récemment le Gabon ou encore le Tchad. Les premières victimes sont bien sûr les populations civiles, mais aussi les ONG, les organisations humanitaires, les journalistes, et même le secteur privé.
De quoi parle-t-on ?
Le phénomène est simple dans son principe mais lourd de conséquences :
Les gouvernements ferment partiellement ou totalement l’accès à Internet, en particulier pendant des périodes sensibles : élections, mouvements sociaux, conflits armés, ou encore manifestations populaires.
Objectif affiché ? Maintenir l’ordre public et lutter contre la désinformation.
Objectif réel ? Souvent contrôler l’information, étouffer la contestation, et cacher les abus de pouvoir.
Pourquoi ces coupures ?
Plusieurs raisons expliquent ces décisions :
Contrôle politique : Empêcher la coordination des manifestants ou la diffusion d’images compromettantes.
Guerre de l’information : Priver les journalistes et ONG d’informations en temps réel.
Lutte contre la désinformation (officiellement) : Mais avec des effets disproportionnés sur les libertés publiques.
Dans des pays où les réseaux sociaux sont devenus un espace majeur de mobilisation, contrôler Internet, c’est contrôler la rue.
Comment cela se passe concrètement ?
Le processus est généralement rapide et sans préavis :
Blocage des réseaux sociaux : WhatsApp, Facebook, Twitter/X, etc.
Coupure totale du réseau mobile : Plus de données, plus de SMS, plus d’appels Internet.
Blocage des VPN : Les autorités tentent même parfois de neutraliser les outils de contournement.
Exemple marquant :
En RDC, lors des élections générales de 2023, Internet a été coupé pendant plusieurs jours sous prétexte de prévenir la diffusion de faux résultats. Les organisations internationales, comme Access Now ou la Commission africaine des droits de l’homme, ont vivement condamné ces pratiques.
Qu’est-ce que ça a provoqué ?
Les conséquences sont multiples et dramatiques :
Isolement des populations
Les habitants ne peuvent plus communiquer, ni accéder aux informations essentielles.
Impact économique
Selon un rapport de Top10VPN, les coupures d’Internet en RDC auraient coûté près de 26 millions de dollars par jour à l’économie nationale.
Entrave à l’action humanitaire
Les ONG perdent la capacité de coordonner l’aide, de vérifier les incidents et de suivre les déplacements de populations.
Amplification de la désinformation locale
Ironiquement, couper Internet favorise la rumeur locale, les spéculations incontrôlées et la peur.
Violation des droits fondamentaux
Liberté d’expression, droit à l’information, et droit au développement économique sont bafoués.
Quelles réponses ont été apportées ?
Condamnations internationales
Plusieurs ONG internationales comme Access Now et Internet Society ont lancé des campagnes (#KeepItOn) pour dénoncer ces coupures.
Initiatives juridiques
En 2024, des organisations de défense des droits numériques ont saisi la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples contre certains États.
Contournement local
Dans plusieurs régions, des citoyens et journalistes utilisent des VPN, des réseaux Mesh, ou même des radios communautaires pour continuer à diffuser des informations.
Quelles leçons et quelles recommandations ?
📌 Leçons principales :
Le digital est devenu un espace stratégique dans les conflits contemporains.
Les coupures d’Internet sont des armes de contrôle politique, mais aux effets destructeurs à long terme.
La société civile africaine s’organise, mais reste vulnérable face à ces pratiques arbitraires.
✅ Recommandations :
Renforcer les mécanismes de protection numérique
Développer des solutions locales de contournement, former les populations aux outils anti-censure.
Adopter un cadre juridique contraignant au niveau continental
L’Union africaine devrait inscrire dans ses instruments juridiques une interdiction explicite des coupures d’Internet en dehors de cas extrêmes validés par un processus judiciaire indépendant.
Soutenir la résilience communautaire
Encourager le développement de réseaux alternatifs (ex : radios communautaires, réseaux Mesh, etc.) en cas de coupure.
Mobilisation des diasporas africaines
Les diasporas doivent jouer un rôle clé dans la diffusion de l’information en période de blackout numérique.
Sensibilisation continue
La documentation, le monitoring et la dénonciation des coupures doivent rester permanents.
Conclusion :
Internet est aujourd’hui un droit essentiel.
Couper Internet, c’est couper le souffle informationnel d’une nation. Pour l’Afrique centrale, le défi est double : garantir la stabilité tout en préservant les libertés numériques. La route est encore longue, mais la résistance digitale s’organise déjà.
👉 Auteur : Thinking Digital for Africa
👉 Pour aller plus loin : Suivez notre prochaine série d’articles sur les « Zones d’ombre numériques en Afrique ».
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